mercredi 25 avril 2007

25 avril 2007 (Lettre ouverte à M. Baird)

Ce matin, j'ai lu un article dans le quotidien Le Devoir qui m'a fait perdre ma bonne humeur. Si je vous le résume, il en ressortira que les gouvernements du Canada, des États-Unis et du Mexique ont présentement une rencontre à huis clos ayant pour but d'arriver à un accord Nord-Américain de distribution de l'eau. Autrement dit, le gouvernement conservateur est entrain de transformer nos ressources nationales en marchandises commerciales. Bien entendu, ce sont les compagnies États-Uniennes qui gagneraient au change et qui s'accapareraient de la ressource, comme elles ont fait avec le gaz naturel et le pétrole. Ceci arrivé, il n'y aurait pas de possibilité pour les canadiens de la récupérer.

Les derniers jours, la plupart d'entre-vous ont entendu parlé du rapport d'analyse sur les impacts de l'application du protocole de Kyoto. Récession, crise économique, hausse du coût de l'essence, de l'électricité, etc. Le gouvernement conservateur, à la base de cette étude plus que douteuse, a tenté de nous rappeler, à quelques jours du Jour de la Terre, qu'atteindre les cibles du protocole de Kyoto aurait des impacts sur notre économie, et ce, juste avant que M. Baird, le ministre de l'environnement, ne vienne parler du "leadership" canadien en matière de réduction des gaz à effet de serre.

Monsieur Baird, vous nous avez présenté des chiffres d'en l'espoir que cela nous ferait peur. Eh bien je vais vous en présenter quelques-uns dans l'espoir de faire naître en vous une conscience sociale.

Depuis le début du 20e siècle, l'humanité a consommé 50% du pétrole que la nature avait mit 100 000 000 d'années à créer et fait fondre les calottes glacières à 40%. Depuis que les Hommes exploitent les ressources terrestres, ils ont exterminé 50% des espèces animales et végétales, détruit 50% de la forêt mondiale et pêchent plus de poissons qu'il ne s'en reproduit. D'ici 50 ans, la concentration de CO2 dans l'air aura triplé. Ce qui entraînera les conséquences suivantes: la réduction de la superficie des terres arables entraînera une famine mondiale, il n'y aura plus de pétrole, la calotte glacière arctique aura complètement fondu, haussant le niveau des océans et la fréquence des catastrophes naturelles telles que l'ouragan Katrina, et 50% des espèces aquatiques auront disparu.

Loin de vouloir vous faire porter la responsabilité de ces catastrophes, je trouve tout de même irresponsable de votre part de négliger de porter attention à ces graves problèmes sous prétexte que "l'économie ira mal". Ira-t-elle mieux dans un monde comme celui-là? Il serait temps que vous cessiez de penser aux députés provenant de l'Alberta et un peu plus à l'avenir de la planète.

mercredi 11 avril 2007

11 avril 2007 (Citation de la semaine)

J'ai décidé de développer mon blog sous un nouvel angle. Chaque semaine, je vais publier une citation de longueur variable d'un des livres que j'aurai lu. Cette semaine, la citation provient des Misérables de Victor Hugo.

« Tous les problèmes que les socialistes se proposaient, les visions cosmogoniques, la rêverie et le mysticisme écartés, peuvent être ramenés à deux problèmes principaux :

Premier problème :
Produire la richesse.
Deuxième problème :
La répartir.
Le premier problème contient la question du travail.
Le deuxième contient la question du salaire.
Dans le premier problème il s’agit de l’emploi de forces.
Dans le second de la distribution des jouissances.
Du bon emploi des forces résulte la jouissance publique.
De la bonne distribution des jouissances résulte le bonheur individuel.

Par bonne distribution, il faut entendre non distribution égale, mais distribution équitable. La première égalité, c’est l’équité.

De ces deux choses combinées, puissance publique au dehors, bonheur individuel au-dedans, résulte la prospérité sociale.

Prospérité sociale, cela veut dire l’homme heureux, le citoyen libre, la nation grande.
L’Angleterre résout admirablement le premier de ces deux problèmes. Elle crée admirablement la richesse ; elle la répartit mal. Cette solution qui n’est complète que d’un côté la mène fatalement à ces deux extrêmes : opulence monstrueuse, misère monstrueuse. Toutes les jouissances à quelques-uns, toutes les privations aux autres, c’est-à-dire au peuple ; le privilège, l’exception, le monopole, la féodalité, naissent du travail même. Situation fausse et dangereuse qui assoit la puissance publique sur la misère privée, et qui enracine la puissance de l’État dans les souffrances de l’individu. Grandeur mal composée où se combinent tous les éléments matériels et dans laquelle n’entre aucun élément moral.


Le communisme et la loi agraire croient résoudre le deuxième problème. Ils se trompent. Leur répartition tue la production. Le partage égal abolit l’émulation. Et par conséquent le travail. C’est une répartition faite par le boucher, qui tue ce qu’il partage. Il est donc impossible de s’arrêter à ces prétendues solutions. Tuer la richesse, ce n’est pas la répartir.

Les deux problèmes veulent être résolus ensemble pour être bien résolus. Les deux solutions veulent être combinées et n’en faire qu’une.

Ne résolvez que le premier des deux problèmes, vous serez Venise, vous serez l’Angleterre. Vous aurez comme Venise une puissance artificielle, ou comme l’Angleterre une puissance matérielle ; vous serez le mauvais riche. Vous périrez par une voie de fait, comme est morte Venise, ou par une banqueroute, comme tombera l’Angleterre. Et le monde vous laissera mourir et tomber, parce que le monde laisse mourir et tomber tout ce qui n’est que l’égoïsme, tout ce qui ne représente pas pour le genre humain une vertu ou une idée.

Il est bien entendu ici que par ces mots, Venise, l’Angleterre, nous désignons non des peuples, mais des constructions sociales ; les oligarchies superposées aux nations, et non les nations elles-mêmes. Les nations ont toujours notre respect et notre sympathie. Venise, peuple, renaîtra ; l’Angleterre, aristocratie, tombera, mais l’Angleterre, nation, est immortelle. Cela dit, nous poursuivons.

Résolvez les deux problèmes, encouragez le riche et protégez le pauvre, supprimez la misère, mettez un frein à la jalousie inique de celui qui est en route contre celui qui est arrivé, ajustez mathématiquement et fraternellement le salaire au travail, mêlez l’enseignement gratuit et obligatoire à la croissance de l’enfance et faites de la science la base de la virilité, développez les intelligences tout en occupant le bras, soyez à la fois un peuple puissant et une famille d’hommes heureux, démocratisez la propriété, non en l’abolissant, mais en l’universalisant, de façon que tout citoyen sans exception soit propriétaire, chose plus facile qu’on ne croit, en deux mots, sachez produire la richesse et sachez la répartir ; et vous aurez tout ensemble la grandeur matérielle et le grandeur morale ; et vous serez dignes de vous appeler la France.

Voilà, en dehors et au-dessus de quelques sectes qui s’égaraient, ce que disait le socialisme ; voilà ce qu’il cherchait dans les faits, voilà ce qu’il ébauchait dans les esprits. »