mardi 31 août 2010

Le chant de l'homme (Les vents d'Août, suite et fin) - Création

En ce soir du 31 août, alors que l'été décide de mourir avec force et chaleur, je prends les derniers moments qu'il me reste avant de disparaître pour le temps que durera l'automne. Je prends ces derniers moments afin de vous remercier, chères lectrices et chers lecteurs, pour le temps que vous avez accordé à la lecture de mes textes.

Ce mois, cet été, ces moments de liberté furent pour moi les plus inspirants que j'ai vécus au cours de ma jeune existence. Ce mois, cet été, j'ai fait plus que de redécouvrir le plaisir de l'acte d'écriture, j'ai appris à créer et à aimer. Je me suis imprégné de cet amour, et je l'ai traduit par l'art de la création.

J'espère que vous avez apprécié votre lecture. Je vous réserve encore quelques surprises qui, je l'espère, vous aideront à garder votre esprit libre et aimant lorsque dans les jours à venir votre corps ne le sera plus. Quant à moi, à l'avenir, ce sera tous les jours le mois d'août.


FredK
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Ce sera tous les jours le mois d'août
La chaleur du soleil cuisant sur la peau
Le vent dans les voiles
Et l'eau aspergeant les sourires
Plume à la main
Et mots dans le coeur

Ce sera tous les jours le mois d'août
Avec ses montagnes, ses perséides
Et ses clairs de lune


FredK

Le piano - Délire

L'heure avançait.

J'avais beau me rendre compte que d'autres lieux m'appelaient, le doux son du piano faisait de moi le prisonnier de cette salle.

D'harmonie en harmonie, de Rhapsody In Blue à Elton John, j'étais envoûté par cette image si vivante d'une femme habillée de blanc, ses doigts caressant les notes d'ivoire vieilli.

À celle-ci se superposait d'autres images : un piano verni au banc duquel se tenait une autre femme, dans la lumière tamisée du salon, son meilleur ami se tenant debout derrière elle pour la regarder jouer.

Une autre image, un piano d'un noir laqué, un sourire tourné vers moi alors que les mains esquissent un premier mouvement.

Un piano à queue sur une scène vide.

Un piano droit dans un restaurant bondé, un chapeau brun et usé et dessous, un vieux guitariste m'invitant à jouer...

samedi 21 août 2010

Le Web : cause ou solution à la crise des médias? (suite) - Analyse

Ayant décrit de façon assez explicite comment les médias traditionnels perçoivent les contenus produits sur et par le biais du Web 2.0 - et pourquoi ils représentent pour eux une problématique sérieuse - lors de ma dernière analyse de la table ronde Le Web : cause ou solution à la crise des médias? qui a eu lieu dans le cadre de l'École d'été de l'Institut du Nouveau Monde, je m'attarderai maintenant sur le renouvellement que l'approche des médias sociaux peut leur apporter.

L'essence même du Web 2.0 étant l'approche multilatérale de l'accès à l'information et de la publication de contenu, forme de démocratisation du journalisme qui devient alors journalisme-citoyen, il en résulte tout d'abord une augmentation phénoménale de la quantité d'informations et de réactions susceptibles d'être retransmises par les médias traditionnels. En ce sens, les chaînes d'information en continu pourraient faire appel à ces données puisque leur mission première est de remplir leur temps d'antenne et que leur problématique première celle du manque de contenu.

Cette approche mènerait à un changement significatif dans le rapport à l'information, car elle permettrait à une multitude d'individus - auteurs, commentateurs et témoins - d'entrer en relation avec le très large auditoire des médias de masse et de l'interpeler tout en lui donnant les moyens de réagir directement à cette interpellation. Ainsi, toujours dans le cadre de cet exemple spécifique, les chaînes d'information en continu pourraient héberger en temps réel un débat citoyen sur l'enjeu soulevé, ce qui aurait trois conséquences directes positives :

  • Une plus grande exactitude dans la mesure de la position de la population que dans un sondage d'opinion traditionnel : les messages relayés par les médias sont multidimensionnels de par leur forme - ils prennent en compte, explicitement ou implicitement, tous les aspects qui ont influé sur la réflexion - et non binaires - oui/non, aime/n'aime pas - car ils incluent le « pourquoi » de la position prise, ils donnent une perspective globale de la situation par leur provenance qui ne souffre pas de limites, et sont complexes puisqu'ils sont pensée et non opinion sur celle du sondeur. Ou, tout du moins, ils offrent ces possibilités.

  • L'élimination d'une partie de la distance entre le niveau décisionnel de l'État et les préoccupations de ses citoyens. Comme ces derniers interpellent à la fois les décideurs et toute la population en direct, créant une marée de messages et de questions sur un point bien précis, il devient beaucoup plus difficile pour nos dirigeants de changer de sujet tout en gardant le contrôle sur leur image ultramédiatisée. Les forcer à répondre et à rendre des comptes semble en ce sens la façon la plus sûre d'obtenir des résultats de nos politiciens.

  • Bien que la pertinence de certaines interventions soit questionnable ou que le consensus se dégageant d'une telle formule d'échanges puisse être interprété comme un sophisme (appel à la majorité), il est possible d'en dire autant des invités membres du star-système appelés à commenter un évènement d'actualité en raison de leur popularité et non de leur spécialisation dans le domaine couvert (appel à l'autorité). De plus, l'avantage clair de grands débats citoyens diffusés par les médias de masse est d'obliger les auditeurs à développer leur esprit critique : face aux multiples positions présentées, ils doivent juger à laquelle ils adhèrent en analysant les arguments présentés par chaque intervenant, ne pouvant plus simplement affirmer leur accord ou leur désaccord.

En ce sens, je crois que les médias traditionnels manquent une occasion en or de transformer leur façon d'envisager le rapport à l'information, « one-to-many » à « many-to-many », chose qui sera probablement nécessaire à leur survie.

À suivre,


FredK

Le chant de l'homme (Les vents d'Août) - Création

« Maintenant, on ne s'assoira plus jamais. » - Greg, le 18 août

Il remontait sur les planches. Il saluait à nouveau la foule sous les ombres des projecteurs, après lui avoir offert toute la beauté que son âme pouvait faire passer par son corps. Noyé dans la douce balade de l'accordéon, les bras grands ouverts, il se laissait porter par le courant, esquissant une danse maladroite et heureuse, une reconnaissance sincère au fond des yeux. Finis le temps de l'intolérance et des mensonges polis, l'art, l'art de la scène et celui de la musique, lui avait permis de trouver cette liberté nouvelle dans sa vérité, et son rayonnement fracassait les vitres de la salle pour se perdre dans les rues nocturnes, notes, lumière et clameurs parfumant le chaud vent d'août.

« On ne peut pas le laisser mourir comme ça. Ni lui, ni toutes les histoires d'amour qui vont avec. » - Faubourg 36, le 21 août

Le spectacle. On dit souvent : « le monde du spectacle ». Celles et ceux qui emploient cette expression ont raison, mais sans savoir qu'ils l'utilisent à mauvais escient. Le spectacle est un monde en soi, un univers. Le seul d'ailleurs où une foule de personnages, les artistes, sont les réels avatars de leur âme, et déambulent pour partager la totalité de ce qu'ils sont. Les entrées et les sorties s'enchaînent, et du passage clair-obscur des coulisses à l'avant-scène, de la complicité de ses comparses à l'amour de la foule, et vice-versa, naît la création unique et éphémère de l'instant, à jamais inoubliable. La note tragique de la voix se mêlant à celle du violon dans une scène rougie par la douleur des projecteurs sur le décor, le doux baiser échangé dans l'incertitude du matin accompagné du silence de la forêt ou du bruit des passants dans un café parisien. Le hourra ou le tonnerre. La mort froide qui descend parmi les hommes ou la joie qui rompt un barrage de ressentiment érigé depuis trop longtemps. Tout cela, dans sa brillance florale, c'est le théâtre.

« C'est ma vie. Il était temps que je cesse de la mettre de côté. » - L'auteur, le 23 août

Peut-on être mieux qu'au milieu de cette honnêteté, de cette générosité sans borne, de ces cent mille coeurs qui débordent et se joignent pour former cette merveille? Entre le rideau et les murs roulants que les spectateurs ne voient pas, entre une pile d'accessoires et un costume brillant, entre un régisseur paniqué et un acteur riant de son manque de tact?

Le pinacle de tous les arts c'est le théâtre. Et l'art, comprit-il, était ce qu'il avait au fond de lui. Pour lui.

***

Ainsi, quittant la salle imaginaire redevenue silencieuse, il s'éloigna d'un pas plus léger vers l'automne. La confiance que lui procurait cette volonté nouvelle le portait sous cette nuit étoilée, elle qui lui en rappelait une autre, plus lointaine, vers laquelle il dirigeait tout son désir afin de la faire revenir vers lui.

dimanche 15 août 2010

L'Entente de Montréal - Analyse

Simulation d'un sommet mondial sur les changements climatiques, le sommet Montréal Climat 2010 de l'École d'été de l'Institut du Nouveau Monde a eu lieu du 12 au 14 août 2010. J'ai couvert l'évènement en tant que reporter officiel.

Sautant dans la peau des dirigeants de pays de l'Union européenne, de l'OPEP, du Groupe parapluie, du G5, de l'Union africaine ou alors dans celle de membres d'ONG présentes pour influencer les négociations, les jeunes de l'École d'été ont tenté de faire coïncider des intérêts nationaux divergents sur trois enjeux majeurs de la diplomatie du climat - le transfert d'argent vers les pays pauvres pour les aider à s'adapter aux changements climatiques, la protection de la forêt et le reboisement, ainsi que les cibles de réduction des gaz à effet de serre - afin de répondre aux attentes du public attentif et inquiet.

Durant trois journées qui étaient successivement consacrées aux enjeux susmentionnés, les délégués des pays participants ont recherché des alliés, les préoccupations économiques communes étant la pierre angulaire sur laquelle ces regroupements se sont formés. Cet état de fait a mis à l'avant-plan la question du transfert d'argent qui a presque réussi à occulter carrément les autres. Voici d'ailleurs une courte entrevue avec un délégué du Japon et une autre avec une déléguée du Venezuela, qui abordent ces différends de nature économique qui ont empêché la conclusion d'un accord de principe après le deuxième jour de négociations.

Pendant ce temps, les ONG tentaient d'orienter les décisions usant de la pression populaire - sous forme de pétition et de manifestations - et en proposant des plans d'action ambitieux supportés par quantités de rapports et de données scientifiques.

Le tout a culminé avec la formation de trois blocs, essentiellement axés autour d'un niveau de développement semblable, qui ont été les trois parties assises autour de la table des négociations lors de la dernière plénière.
  • Le premier regroupement étant celui des pays en voie de développement, l'AO. Il incluait les pays de l'Union africaine, l'Afrique du Sud - qui faisait d'abord partie du G5 - ainsi que les pays de l'OPEP. Cette coalition avait élu un seul pays représentant, l'Afrique du Sud.
  • Le second étant celui des pays émergents, les PÉ. Il incluait les pays de l'ex-G5, le Brésil, l'Inde et la Chine, et avait élu un seul pays représentant, le Brésil.
  • Le dernier regroupement étant celui des pays industrialisés, les PI. Il incluait les pays du Groupe parapluie et de l'Union européenne et avait élu deux pays représentants, soit les États-Unis et l'Allemagne.
Un accord a finalement été atteint, la déclaration finale étant disponible ici.

La question qui se posait dès le début de cette simulation était la suivante : l'idéalisme des jeunes allait-il triompher? Sinon, les acteurs allaient-ils jouer leur rôle jusqu'à reproduire l'échec de Copenhague? La réponse un peu décevante, mais fort instructive, est qu'ayant joué leur rôle à la perfection, c'est-à-dire en n'usant pas de leurs convictions personnelles pour faire fi des intérêts de leurs pays respectifs, ils n'ont pas pris - et n'auraient pas pu prendre - de résolutions bien plus ambitieuses que celles qui ont été prises à Copenhague.

Les participants ont ressenti un malaise réel face à cette constatation. Ils semblent avoir réalisé que, tant que la discussion ne s'élèvera pas au-dessus des intérêts conflictuels des nations et traitera uniquement des intérêts communs à l'humanité entière - et qui ne peuvent donc la diviser - il ne sera pas possible, malgré toute la bonne volonté que l'on peut posséder, d'établir et de réaliser les objectifs nécessaires à la sauvegarde de notre espèce.

Mais voilà : qui possède la légitimité nécessaire pour prétendre au poste de représentant de l'humanité entière?

À suivre,


FredK

vendredi 13 août 2010

Le Web : cause ou solution à la crise des médias? - Analyse

Dans le cadre de ma couverture des évènements de l'École d'été 2010 de l'Institut du Nouveau Monde, j'ai assisté à la table ronde intitulée Le Web : cause ou solution à la crise des médias? qui vient d'avoir lieu au pavillon John Molson de l'Université Concordia. Étaient présents Sophie Cousineau, journaliste et chroniqueuse à La Presse et sur Cyberpresse.ca, Bernard Descôteaux, directeur du Devoir, Louise Lantagne, directrice générale de la télévision de Radio-Canada, et André Mondoux, sociologue spécialiste des technologies de l'information.

Ce fut en soi intéressant bien qu'on eut pu présager de la déclaration finale dès le début de la rencontre. Celle-ci émanant de plusieurs acteurs majeurs dans le domaine des médias traditionnels, il semble que le constat auquel ils ont abouti fasse consensus dans ce milieu.

Essentiellement, Internet est caractérisé par l'avènement de l'ici et maintenant. L'utilisateur consulte les contenus disponibles selon ses intérêts - à la carte - choisissant dans des thématiques bien précises et ciblées à l'avance une poignée d'informations parmi l'océan de celles qui sont accessibles. Il va même jusqu'à commenter les contenus, en débattre avec d'autres utilisateurs et même publier les siens.

Et c'est là que le bât blesse.

En effet, l'innovation surgit uniquement à la dernière étape de l'interactivité qu'offre ce qu'on appelle communément le Web 2.0. C'est par la création de contenu en temps réel, par l'utilisation des plateformes de publication Web, que celui qui était un lecteur ou un auditeur des médias traditionnels transforme son rôle et devient son propre média. Le journaliste-citoyen peut désormais se passer complètement des médias traditionnels et exister sur Internet en toute autarcie. Pire, il peut engendrer des réactions qui, en raison de la capacité de les publier immédiatement, s'alimenteront d'elles-mêmes à une vitesse fulgurante, virale.

Et c'est exactement ce que les médias traditionnels reprochent à Internet.

Selon eux, trois choses découlent naturellement des plateformes de publication ouvertes à tous et qui viennent miner la crédibilité de l'ensemble de leurs contenus - sans tenir compte de leur valeur respective et intrinsèque.

  • Face à l'instantanéité de la publication qui ne subit aucune contre-vérification des faits et à l'anonymat répandu des créateurs de contenu, il devient extrêmement difficile de faire la distinction entre une nouvelle objective publiée dans le but d'informer et une annonce subjective publiée dans le but de convaincre.

  • Puisque les réactions spontanées et émotives engendrées par la lecture, par exemple, d'un billet d'un blogue, peuvent être partagées et entendues avec l'ensemble de la communauté d'Internet dans la seconde suivant son apparition, il en découle qu'un commentaire est très rarement sujet à une analyse critique de la part de son auteur - souvent anonyme et donc peu enclin prendre la responsabilité des propos tenus -. La discussion multilatérale autour dudit billet d'un blogue est donc sujette à de sérieux dérapages, autant sur le plan du ton que du contenu.

  • En raison des deux points susmentionnés et du nombre incommensurable de publications et de réactions ne serait-ce que sur un même enjeu, il est admis que toutes les opinions se valent. Par conséquent, même les contenus et commentaires pertinents et réfléchis ne peuvent être reconnus comme tels que de façon subjective et non par l'ensemble de la communauté.
C'est ce dernier point qui fait le plus mal aux médias traditionnels : le public se tournant de plus en plus vers le Web 2.0 pour s'informer, il est nécessaire de le suivre pour continuer à avoir une audience ou, dans certains cas qui relèvent plus du voeu pieux que d'autre chose, de chercher à inverser la tendance et à ramener les gens vers, par exemple, la télévision. Or, comment est-il possible de faire passer un message particulier, de le distinguer des autres, si le consensus du milieu est que tous se valent?

« On dit que la dictature "C'est ferme ta gueule!" et que la démocratie c'est "Cause toujours!"...» a dit André Mondoux lors de la table ronde. C'est éloquent.

À suivre,



FredK

jeudi 12 août 2010

Couverture du sommet de Montréal/Profil changements climatiques - Notes

13h00

Arrivé en retard à la conférence à cause d'une réorientation - très nécessaire - de la stratégie de couverture des évènements de l'École d'été de l'Institut du Nouveau Monde, je constate déjà le manque d'empathie à mon égard de la part de l'animatrice qui joue - très bien - le rôle de la ministre de l'environnement du Canada. Comme quoi la position du gouvernement conservateur face aux médias est très bien retransmise dans cette simulation :

(La ministre) Ah, est-ce qu'on a un nouveau participant?

(Moi) Non, je suis du profil médias sociaux. Je suis ici pour vous couvrir.

(La ministre) Ah bon! Donc lui c'est un journaliste. Il est ici pour apprendre des informations de votre part. Vous pouvez lui en donner, mais ce n'est pas sûr qu'il va publier exactement ce que vous avez dit. C'est lui qui décide. Alors vous décidez si vous lui faites confiance...

Ça promet! Je sens que je vais m'amuser. Un début :

(Moi) Donc, est-ce que vous représentez la position de la vraie ministre?

(La ministre, après un long silence) La conférence de presse n'est pas encore ouverte, je ne vais donc pas répondre.

Ce qui est déjà une réponse en soit.

La suite, et une réflexion plus sérieuse, pour très bientôt.

FredK

Pluie d'articles à venir - Annonce

Bonjour chères lectrices, bonsoir chers lecteurs,

J'aurai bientôt le plaisir de couvrir une multitude d'évènements - tables rondes, conférences, ateliers, etc. - qui auront lieu dans le cadre de l'École d'été 2010, festival de la participation citoyenne organisé par l'Institut du Nouveau Monde et se tenant du 12 au 15 août à Montréal sur le campus de l'Université Concordia.

Afin de vous tenir au courant en direct des différents développements lors des débats à venir et de prendre part à la discussion, je vous invite à consulter et à commenter sur mon compte twitter. Bien entendu, je compte vous présenter quelques réflexions de mon crû, donc dépassant les 140 caractères, qui seront publiées sur ce blog.

Bonne lecture,

FredK

samedi 7 août 2010

Jazz-on - Suggestion musicale

Pour celles et ceux que ça pourrait intéresser. À faire jouer dans l'ordre suggéré pour une performance maximale. Durée totale de la sélection : 60 minutes.


FredK
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  1. Route 66 - par The Manhattan Transfer sur The Anthology : Down in Birdland/Disque 1 (1992)
  2. On the Sunny Side of the Street - par Emilie-Claire Barlow sur Like a Lover (2005)
  3. What'd I Say, Pt.1 - par Ray Charles sur Genius : The Ultimate Collection (2009)
  4. Act Like You Love Me - par The Stephen Barry Band sur Happy Man (1995)
  5. Baby Come Back to Me (The Morse Code of Love) - par The Manhattan Transfer sur The Anthology : Down in Birdland/Disque 1 (1992)
  6.  African Convention - par Miriam Makeba sur Reflections (2004)
  7. Watermelon Man - par Herbie Hancock sur Takin' Off (1962)
  8. I Was Doing All Right - par Dexter Gordon sur Doin' Alright (1961)
  9. They All Laughed - par Ella Fitzgerald et Louis Armstrong sur Ella and Louis again (1957)
  10. Wrap Your Troubles In Dreams - par Bill Evans sur The "Interplay" Sessions (1982)
  11. They Can't Take That Away From Me - par Ella Fitzgerald et Louis Armstrong sur Ella and Louis again (1957)
  12. One Thin Dime - par The Stephen Barry Band sur Happy Man (1995)
  13. Hit the Road Jack! - par Ray Charles sur Genius : The Ultimate Collection (2009)

Je reprends du service - Délire

Mais c'est qu'il n'en finit pas de finir!

FredK
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"Et vlan! Dans la gueule!" fis-je en lançant mon dernier manuscrit qui a la masse d'une brique sur le bureau du rédac-chef. Le pauvre meuble, de même que son propriétaire qui n'y peut pas grand-chose, ploie sous le choc de ce que j'espère être la fondation d'une nouvelle façon d'envisager le rapport à l'information.

"Je t'avais demandé environ 700 mots. Pas 700 pages!" me hurle mon patron qui cache son incrédulité sous un masque de colère boursouflé. Il tape du poing sur son bureau afin de se récupérer le semblant d'autorité qu'il a perdu il y a belle lurette, ce qui finit d'achever le mobilier qui s'effondre...

Le rédac-chef, qui n'est en fait que la projection probable de mon être-sujet hors de mon champ perceptuel, regarde les débris de son orgueil les yeux écarquillés, et alors qu'une armée de serviteurs dociles se précipitent pour recoller les morceaux de ce casse-tête chinois, ordonne mon exécution sommaire et immédiate en me jettant dans la fosse aux lions.

S'il savait à quel point il a joué mon jeu! Maintenant gladiateur, j'ai à ma disposition tout le sable de la piste de course pour y tracer les symboles de la puissance de l'Idée, prouvant, dans la bagarre générale qui se déroule sous l'oeil attentif du public, que les puissants ne sont pas toujours ceux que l'on croit.

Le Nil - Création

Le vent souffle sans s'épuiser
Poussant les grains de sable le long du fleuve

Creusant des sillons sur la grève
Vagues d'or terni
Que croise le vif argent des eaux
Projetés les unes contre les autres
Par le souffle millénaire

Dans un bruit incessant
Que l'on nomme silence

Chroniques du boulot - Notes

Ceci est un ramassis de notes que j'ai prises durant les temps morts qui ne manquent pas d'arriver lorsqu'on travaille au service à la clientèle.

Bonne lecture,

FredK
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Mercredi soir
Le piano et la pluie agrémentent une soirée où le calme plat est maître. Le brume s'est levée peu après mon départ du magasin et enveloppe le haut des gratte-ciels. La lumière de leurs derniers étages forme d'ailleurs dans les nuages d'étranges constellations qui remplacent à leur façon celles qui demeurent invisibles. De longues heures m'attendent encore de pied ferme avant que je puisse en poser un hors de ce cube trop jaune qui me sert de kiosque. Qu'à cela ne tienne! La journée fut belle et la soirée transpire un charme étrange.

Jeudi soir
Soirée couleur savane qui suit une non-journée entre-coupée de siestes et de blagues de bureau. En voilà une bonne : un gars de la distribution (ceux qui livrent le matériel nécessaire aux différents kiosques/salles/scènes) vient voir un gars de l'information à son kiosque. Ils jasent un peu; le gars de la distribution dit qu'il est content d'aller voir le concert de Bernard Adamus même s'il ne reste plus de billets grâce à sa passe d'employé. Juste au moment où il s'apprête à partir, il dit au gars de l'information que sa superviseure à lui est déçue parce que le gars de l'information ne la salue pas lorsqu'il la croise. Ce dernier répond qu'il ne la salue pas simplement parce qu'il ne la reconnaît pas à moins qu'elle soit entrain de parler : ayant presque uniquement affaire avec elle par walkie-talkie, et donc sans la voir, il ne sait pas de quoi elle a l'air. Le gars de la distribution lui donne alors une description sommaire de la superviseure et lui indique où se trouve son bureau afin que le gars de l'information puisse aller la saluer. Le lendemain, plein de bonnes intentions, le gars de l'information se rend au dit bureau et lance un "Bonjour..." à la première fille à la taille moyenne, aux cheveux bruns et aux yeux noirs qu'il rencontre avant de constater avec stupeur que ce n'est pas un bureau individuel...

Vendredi soir
C'est toute la frénésie que peut générer La Compagnie Créole qui se déverse sur une foule à l'ampleur sans pareil depuis le début du festival. Tous sont venus les voir, même la Lune est restée plus longtemps qu'à l'habitude. C'est que c'est elle qui a permis à Haïti de s'inviter à Montréal. Mon kiosque dérive d'ailleurs dans la marée humaine et, bien qu'elle soit très haute, les questions n'y pleuvent pas. C'est étrange, comme dirait l'autre, je m'attendais à être submergé par une déferlante de festivaliers trop enthousiastes... Eh bien, la bonne musique aura largement compensé pour le manque d'action. Et je ris comme un oiseau, oh, oh, oh...

Samedi soir
J'aurai réalisé trois trips stupides aujourd'hui : boire du jus de canneberges dans un party de voisins dont la condition pour participer était d'avoir 50 ans et plus, marcher pendant une demie heure un étui de guitare à la main dans le seul but de faire croise aux passants que je savais en jouer, et manger du melon d'eau en assistant à un concert des Trois Accords sous la pluie. C'est fou comme on s'amuse.


Le miroir - Délire

J'ai vu dans la glace
Le reflet de mon oeil qui me regardait
Nul éclat, nulle étoile
Il était terne et noir

Ce regard vide j'ai tenté de le briser par un sourire
Celui-là ne me montra que tristesse
Ça faisait longtemps que la joie avait plié bagages
Ceux qui étaient restés ne pouvant que la pleurer

J'ai fouillé mes souvenirs
À la recherche de quelque bonheur oublié
Un boc, de la mousse et le tournis
Ce rire-là ne fait pas partie de la bonne catégorie
Un air de musique, la folle soirée d'été
Non celui-là il est inventé

Et puis au fond du puits je me souviens
Où j'ai égaré le feu qui était mien
Un don précieux fait en toute bonne grâce
À cette charmante apparition

Le chant de l'homme (Le début de l'Été) - Création

« Un expresso court et simple s'il vous plaît... » - (Refrain)

Ce n'était plus pour tenir le coup, une espèce de pilule d'énergie dont les deux cent vingt volts devaient suffire à lui faire passer la nuit. Les étoiles, il les contemplait dorénavant pour leur beauté et l'inspiration qu'elles lui transmettaient.

Ce n'était pas non plus un alcool d'un autre goût et d'une autre couleur dans lequel il cherchait l'oubli ou la sympathie. La musique, fidèle amie, l'avait suivi partout durant ces dernières semaines, à la fois baume, aiguillon, épaule et flambeau.

Pour une fois, c'était pour une bonne raison couplée d'une vieille habitude.

Il cherchait un peu de courage, venant d'ouvrir le jeu.

***

« Quoiqu'il advienne, quoi que tu dises. Toujours, toujours. » - 16 février - La Brûlerie

Un duo. Travail d'équipe sur deux fronts. Fébrilité causée par un grand changement d'air. Un peu plus d'extrêmes, d'affirmation du soi. Voilà les pions qu'il avait choisis.

« Advienne que pourra! » La partie commence

***

« Si je m'arrête un instant/Pour te parler de la vie... » - Juin

Les fêtes de la musique se sont succédé jusqu'à ce que le printemps meure. Les chants du peuple en liesse, rassemblé sur la grande place pour oublier un moment le passage des jours, créant une lumière et une chaleur surpassant celle-là même du grand astre solaire.

Juste avant de s'immerger pour de bon dans les vagues d'accords et de compromis, il eut le temps de lancer un dernier adieu à ses amis.

Enrique, être cosmopolite s'il en est un, sa kippa sur la tête et le sourire aux lèvres, lors de l'empathique et désolant départ pour l'Afrique et les Indes, empires des joyaux humains. Un dernier regard. Un au revoir.

Charis, femme de sa vie, exploratrice au port royal, parcourant les sentiers escarpés des sentiments humains, en quête de justice et d'absolu dans les sombres recoins des évènements passés. Un au revoir. Un sourire.

De Bergerac, chevalier au 21e siècle, parti faire la guerre à ceux qui avaient menacé ses ancêtres, redonnant le bien perdu à celle à qui on l'avait enlevé, sa renommée s'étendant dans des pays aussi lointains que la frontière de l'imaginaire. Un sourire. Un à bientôt.

Trois départs, trois pertes momentanées de ce qu'il avait de plus cher au monde.

***

Ses vieux potes Gregory et Dan étant portés disparus de façon prématurée, - dieux, s'il en est, que l'on aura assassinés, trahis dans leur sommeil par ceux en qui ils avaient placé leurs rêves. Immolés dans une ruelle sombre par danse du feu commise par quelques prêtres idiots et ivres de pouvoir, oubliant que la noirceur de leur acte ne pouvait qu'apparaître dans le panache de fumée s'échappant des partitions d'idées incendiées - il avait, de façon semi-consciente, tenté de reprendre leur oeuvre qui pouvait jadis donner un sens à la vie. Il en était sorti un succès facile devant un auditoire conquis d'avance, ce qui était entièrement sa faute, n'ayant pas voulu diffuser une oeuvre sur laquelle il avait passé si longtemps par peur de la critique.

Néanmoins, cela avait eu pour effet de le retourner vers un domaine qu'il pensait mieux maîtriser : l'écriture. Ainsi, le projet Correspondance aurait lieu par écrit, et lui serait l'amant et le facteur.

(Bien entendu, cela n'avait pu l'empêcher de parler d'encre et de musique, le médium n'excluant pas le thème dominant.)

« Un air de guitare, tellement connu... » - 2e carnet

Le chant de l'homme (Les doutes de l'Hiver) - Création

Sous une poussière d'étoiles
Ses pas le conduisent au sommet d'une dune
Là où son chant naîtra, il aura trouvé
Et pourra enfin appeler le jour

FredK
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La croisée des chemins, ouverture tentaculaire face à laquelle l'homme, être délaissé en proie au néant de l'infini, ne peut que se sentir effrayé, saisi de vertige, abandonné.

Devant lui s'offrent les grandeurs et mystères d'une terre étrangère. De son brouillard de rêves, elle exerce une attraction fébrile et presque sadique, mirage fascinant de l'inconnu.

Derrière lui, un mélange doux amer de sourires en coin et de regards qui fuient et comblent l'horizon de sa vie passée.

Déchiré entre la crainte de faire un pas et la peur d'un énigmatique retour, l'homme, anéanti, contemple le paysage stellaire.

Qué sera, sera. Quelle étoile le guidera?

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« Dans l'incendie qu'était devenue ma tête, un quelconque ami avait tenté d'amener un peu de fraîcheur. Sa bonne intention s'était malheureusement transformée en une épaisse fumée m'empêchant d'y voir plus clair... » - 11 février, Montréal

Un peu de recul, c'est tout ce qu'il avait voulu. Pour une fois, ne pas être celui sur lequel tout reposait. Il était fatigué de ce rôle d'unique locomotive, avait besoin d'un peu de support, de compréhension.

De toute la beauté dont recelait le monde, de tous les présents qu'elle lui avait offerts, était-il possible qu'elle lui accorde, non pas une trêve, mais ne serait-ce qu'un souffle? Était-il condamné à parcourir la route la plus longue, et seul? Si au moins il avait su quel était son rôle, même sans un connaître la finalité. Tout ceci n'était-il qu'un théâtre où il devait choisir son personnage?

« Choisir... Avec un tel poids sur les épaules, et personne pour indiquer... » - 11 février, Mtl

Les évènements qui se précipitaient nécessitaient une action immédiate, ça au moins, il en était parfaitement conscient, faute de quoi il risquait de voir s'enfuir sa seule et unique chance de faire entendre sa voix. Sa seule et unique chance de percer les murs de la contrainte, du prestige et de l'instruction, devenus les gardiens modernes de l'asservissement de l'âme. Par son chant, il allait les faire tomber. Et alors, la vie serait enfin possible.

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« Qui est le responsable? Je veux lui parler... Au patron! Operator... » - 12/02 coin Rachel

On lui refusait l'accès au sanctuaire, un fonctionnaire à cravate lui demandant une preuve de résidence X sur formulaire Y divisé par l'intégrale de la date de naissance du demandeur. Non, ce n'était pas une blague. Oui, le règlement était écrit. Non, il n'allait pas se précipiter à la salle de bain...

Privé ainsi d'accès à ses guides spirituels d'encre et de papier, que pouvait-il faire, sinon quitter, malade d'amertume, ce temple du savoir? Au moins ne fut-il pas victime de la chute prématurée d'une des lattes de verre qui, explosant en mosaïque brillante, avait enlevé la vie des fleurs déposées en offrande...