dimanche 17 octobre 2010

Plus ça change... - Notes

Je suis tombé sur ce passage lors d'une de mes lectures, et sa provenance m'a jeté par terre. De quoi effrayer les corps professoral et journalistique.

FredK
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Quand on a renoncé aux libertés fondamentales, comme il semble que la jeunesse a fait, en pratique, sinon en théorie (le mot liberté est toujours bien porté), on renonce facilement à la sytaxe. Et les apôtres de la démocratie, comme les apôtres du bon langage, font figure de doux maniaques. Nos gens n'admirent que machines et technique; ils ne sont impressionnés que par l'argent et le cossu; les grâces de la syntaxe ne les atteignent pas.

Je me flatte de parler un français correct; je ne dis pas élégant, je dis correct. Mes élèves n'en parlent pas moins joual : je ne les impressionne pas. J'ai plutôt l'impression que je leur échappe par moments. Pour me faire comprendre d'eau, je dois souvent recourir à l'une ou l'autre de leurs expressions jouales. Nous parlons littéralement deux langues, eux et moi. Et je suis seul à parler les deux.

Les Insolences du frère Untel - 1960

lundi 11 octobre 2010

Sur l'exploitation du gisement pétrolier sous-marin Old Harry - Commentaire

Ce texte fait suite à une invitation à adhérer à la page Facebook Old Harry : soyons maîtres chez nous qu'un ami m'a fait parvenir. Puisqu'il dépasse les 1000 caractères permis, je le publie ici.

Bonne lecture,

FredK
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Je veux bien que le Québec demeure le "maître" de ses ressources naturelles.

Cependant, l'exploitation du pétrole et du gaz dans le golfe du St-Laurent expose un écosystème déjà fragilisé par la surpêche à des risques environnementaux trop importants - trop importants car la somme que touchera le Québec en terme de redevances pétrolières ne sera jamais assez importante pour sauver/rebâtir ce milieu marin dans l'éventualité d'une marée noire. (Voir les images de la marée noire dans le Golfe du Mexique)

Il faut aussi se poser la question de l'usage qui sera fait du pétrole extrait. Très probablement, puisque c'est ce qui est fait partout dans le monde, on le brûlera pour faire fonctionner divers moteurs à explosion ou encore pour produire de l'électricité. Demandez à n'importe quel étudiant en première année de sciences de la nature au CÉGEP et il vous répondra que la combustion des molécules organiques (comprendre produits dérivés du pétrole) qui ont mis des millions d'années à se former, et ce avec les rendements énergétiques absolument ridicules qu'on obtient actuellement, est le pire usage qu'on peut en faire.

Précision : le meilleur usage que l'on peut faire du pétrole se résume dans le mot "plastique". Ais-je besoin de rappeler que le pétrole est une ressource non-renouvelable et qu'une véritable pénurie de matériaux composites se produira une fois ses réserves épuisées? (voir Hubert Reeves, Chroniques du ciel et de la vie) Que le Québec perd présentement ses raffineries et autres usines pétrochimiques qui sont transformées en simples terminaux et/ou centres de stockage, la plus récente étant celle de Shell au mois de juin? Le pétrole québécois sera transformé de façon inefficace en énergie polluante, ce qui correspond à un usage totalement irresponsable et inconséquent de la ressource.

Ceci est particulièrement vrai dans le cas du Québec, qui est présentement en situation de surplus énergétique et qui le sera, selon Hydro-Québec, pour les 15 prochaines années. Cette situation le force d'ailleurs à vendre son électricité à rabais en raison du surplus de l'offre vs. la demande. L'entrée en jeu d'une nouvelle source d'énergie, qu'elle soit sous forme de pétrole ou de gaz de schiste, ne fera qu'accentuer ce problème.

En ce sens, une approche intégrée de développement énergétique qui prendrait en compte les domaines où se situe l'expertise québécoise en matière de production d'énergie (hydraulique, éolienne, hydrolienne, biogaz - ce sont tous des énergies renouvelables noterez-vous) et qui étudierait en profondeur les impacts environnementaux, économiques et sociaux des filières où l'expertise est principalement étrangère (combustibles fossiles) avant de laisser les entreprises se hasarder dans ces secteurs permettrait de maximiser les retombées positives au Québec.

L'exemple des chercheurs de l'IREQ (l'institut de recherche d'Hydro-Québec), qui se creusent toujours la tête pour trouver une façon de concilier la production à géométrie variable d'électricité éolienne avec le flot constant d'électricité hydraulique, montre bien que le développement précipité d'une nouvelle filière énergétique, s'il n'est pas intégré dans une stratégie à long terme et qui comprend l'ensemble des sources d'énergie, relève plus du casse-tête que du miracle économique.

Heureusement, dans le cas de l'éolien, les impacts environnementaux et socio-économiques liés à une mauvaise gestion ou à une exploitation précipitée sont minimes. Ce n'est pas le cas du pétrole en milieu marin ou encore du gaz de schiste. (Voir le documentaire Gazland)

Et je n'ai pas encore parlé des changements climatiques, ni du retard dans le développement des technologies d'efficacité énergétique et de production d'énergie verte qu'entraînera inévitablement le développement d'une filière énergétique concurrente, ni de la nécessité de réduire de 80 % les émissions de tous les gaz à effet de serre (GES) de l'humanité d'ici 2050, et encore moins de notre devoir de laisser un milieu de vie sain (économiquement, socialement et environnementalement parlant) aux générations présentes et futures. (Voir ce petit exposé de Bill Gates)

Donc, en prenant tout cela en considération, la question n'est pas de savoir qui de Terre-Neuve ou de Québec exploitera le gisement pétrolier Old Harry. La question est de savoir si l'on doit exploiter ce gisement. Or, sur cette question de l'exploitation du pétrole en milieu marin, le consensus rejoint même les libéraux de Jean Charest, pourtant en faveur de l'exploitation des gaz de schiste.

À savoir : absolument pas.

mardi 5 octobre 2010

De l’importance des médias dans la démocratie étudiante - Annonce

Ma chronique pour la première parution de La République, nouveau périodique étudiant que j'ai contribué à fonder au Collège de Bois-de-Boulogne, établissement où je mène présentement des études préuniversitaires.

Bonne lecture,

FredK
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« Je désapprouve ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire. »
— Voltaire

La démocratie, si imparfaite soit-elle, est le seul système de gouvernement qui permet l’exercice de la liberté de réflexion, de la liberté de parole et de la liberté de débat. Elle est la seule à accepter que du fruit de la dialectique puisse naître une remise en question de ses propres fondements. En démocratie, c’est l’éclairage pluriel des idées multiples qui permet le progrès de la société, et c’est pourquoi elle fait plus que défendre le dialogue, c’est pourquoi elle l’encourage.

La démocratie est ainsi beaucoup plus qu’une simple croix tracée de temps à autre sur un bulletin, lorsqu’on a le temps et qu’il ne fait pas trop froid. C’est ce qui a permis l’exercice pratique de la liberté, l’affranchissement des serfs féodaux, et qui a fait de cette idée abstraite la plus grande révolution qu’ait connue l’humanité jusqu’à ce jour.

La démocratie, en plus d’être une façon de vivre et de réfléchir, est aussi la condition à l’expression courante de ces actions.

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Pour qu’une société démocratique soit forte et afin qu’elle survive aux tentations autoritaires, il faut que ses citoyens participent activement à la chose publique. Qu’ils s’informent, prennent part au débat, dépassent leur première opinion, et exercent leur droit de vote en accord avec leurs convictions. Plus grande est la mobilisation citoyenne et plus ce modèle participatif de gouvernance sera et restera sain.

Or, dans la société actuelle, la population s’est largement désintéressée de ce qui est appelé communément la politique. Plusieurs facteurs influencent cette tendance lourde, le manque de leadership et de vision n’étant pas le moindre, mais non pas le seul.

En ayant tenu la démocratie pour acquise trop longtemps, les citoyens et les médias ont détourné leur attention du pouvoir. Soulevant plusieurs autres enjeux sociaux, économiques et environnementaux, ils ont négligé de protéger ce qui leur permettait de discourir sur ces nouvelles thématiques.

La conséquence directe de cette négligence a été la fermeture du pouvoir politique, exécutif puis législatif, au débat d’idées pour le remplacer par un débat d’intérêts. Ce pouvoir est depuis pratiquement hermétique aux demandes de la population.

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Ceux qui ne sont pas trop occupés à être dupes, ou entravés par leurs rivalités réalisent la nécessité d’intervenir. Il ne s’agit pas ici de pousser un programme politique en avant, il s’agit de défendre un modèle sans lequel il ne serait même plus possible de débattre de tels programmes.

Parce que nous croyons en l’intelligence des gens.

Parce que nous croyons qu’en les informant, en suscitant leur intérêt envers la chose publique et en leur présentant les faits de façon, non pas apolitique, mais apartisane, nous pouvons sauvegarder la démocratie par l’éveil des consciences.

Nous avons décidé de former un nouveau média, La République, qui aura pour mission de jouer ce rôle au Collège de Bois-de-Boulogne.