FredK
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Félicitations M. Boileau pour votre texte et bravo pour sa
publication.
Beaucoup de réactions à vos propos reprennent de façons
variées l'argument selon lequel la disparition des partis politiques aurait pour effet de
déstabiliser le gouvernement - avec le spectre de l'anarchie et du chaos en
arrière-plan. D'autres vous opposent que les partis politiques se reformeraient
autour de coalitions informelles, ce qui aurait pour effet de recréer une
situation semblable à celle qui nous vivons présentement.
Essentiellement, ces perceptions découlent d'une vision de
l'homme politique où celui-ci s'identifie à une pensée - conservatrice, libérale,
socialiste, etc. - ou à un groupe - fédéralistes, souverainistes, etc. - avec
lequel il partage les mêmes convictions. C'est la logique du parti.
Dans un tel paradigme, où l'homme politique défend les mêmes
positions que plusieurs autres sur l'ensemble des enjeux à débattre, il est logique
que ces personnes se regroupent en partis politiques qui défendent une ligne de
pensée commune.
Cependant, bien que cette logique semble avoir été celle qui
primait durant les années de la révolution tranquille, et qui a permis de faire
du Québec une société moderne en l'espace de quelques décennies, elle ne
correspond plus du tout au modèle de pensée des générations postrévolutionnaires
pour qui l'adhérence à une idéologie se fait de façon ponctuelle, enjeu par enjeu.
Je m'explique.
Ceux et celles qui sont nés après la révolution ont grandi
dans un environnement en grande partie débarrassé des tabous sociaux,
entre-autres religieux, où le développement des échanges d'idées était valorisé
par l'éducation et facilité par le développement des technologies de l'information
et de la communication.
Littéralement mis face à face avec le monde, leurs convictions se sont forgées autour d'enjeux - environnement, pauvreté, indépendance, démocratie, etc. - qui les intéressaient particulièrement et sur lesquels ils ont cherché à se renseigner et sur lesquels ils ont pris position. Bien entendu, ils ont rencontré dans ce processus des gens qui partageaient leurs idées et qui défendaient les mêmes valeurs qu'eux.
Littéralement mis face à face avec le monde, leurs convictions se sont forgées autour d'enjeux - environnement, pauvreté, indépendance, démocratie, etc. - qui les intéressaient particulièrement et sur lesquels ils ont cherché à se renseigner et sur lesquels ils ont pris position. Bien entendu, ils ont rencontré dans ce processus des gens qui partageaient leurs idées et qui défendaient les mêmes valeurs qu'eux.
Seulement voilà : s'entendre sur un enjeu spécifique ne signifie
pas s'entendre de façon intégrale sur ce que devrait être la société. Bien
entendu, c'est une réalité présente à l'intérieur des partis politiques - le PQ
nous l'a bien rappelé récemment - mais l'homme politique issu de la génération
qui n'ayant pas vécu d'enjeux aussi polarisateurs que la souveraineté du
Québec, a une vision de la société qui est foncièrement "à la carte".
Dans un tel cas de figure, il devient facile d'expliquer
pourquoi la partisannerie « de ligne de parti » est nuisible à la
chose publique : comment voulez-vous qu'un jeune souverainiste de droite choisisse
entre un parti fédéraliste de droite et un parti souverainiste social-démocrate?
Réponse : il ne choisit pas. Et ne vote pas.
Aussi, l'abolition des partis politiques, tel que le suggère
monsieur Boileau, loin de mener au
chaos et à l'anarchie, permettrait à ces jeunes qui voient
la politique sous nombre de dimensions, oserais-je dire à un niveau de complexité
dépassant l'insignifiant axe gauche-droite, de prendre part active à la chose publique
et à défendre ce en quoi ils croient, non pas ce qui est pratique de défendre.
Ce type d'expression fleurit déjà là où les contraintes
d'appartenance à un parti n'existent pas, sur l'Internet. Les jeunes échangent,
se renseignent dans des forums comme Générations d'idées et l'Institut du
Nouveau Monde. Cette politique plaçant l'humain et ses convictions au centre de
la démocratie, quoique informelle, produit déjà des propositions très, voire
bien plus novatrices, que celles des partis.
Le progrès sociétal passe aussi par l'évolution des
structures du pouvoir.
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