mercredi 25 novembre 2009

Lettre poussiéreuse - Délire

Un texte que je n'osai remettre à son destinataire.

FredK
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Lorsque le vent emportera
La mémoire si chère
De crises d'angoisse et autres rages dedans
Que le partage transformait
En une fleur de lumière éclose du vide
Trop longtemps contenu
Rugissante telle la lave d'un volcan
Pour créer la beauté

Lorsque le vent emportera
Jusqu'à l'image aveugle
De la confiance et du chant
Montant en cercles
Toujours plus haut

Le vent me laissera ton nom
À qui je dois la moitié de qui je suis

La mémoire collective - Chronique

Publiée en février dernier dans un journal étudiant aujourd'hui défunt, j'ose mettre cette chronique en ligne. Certains sujets abordés ne font certes plus les manchettes, mais les thèmes sont toujours d'actualité.

Bonne lecture,

FredK
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Je me souviens...

La mémoire collective est définitivement à court terme. Le flot incessant des évènements nouveaux vient effacer le souvenir de ceux qui, il n’y a pourtant pas si longtemps, ne laissaient personne indifférent.

En politique, cela est d’autant plus vrai que les manchettes cherchent sans cesse à se garnir de nouvelles polémiques, oubliant ainsi nombres d’entre-elles, pourtant inachevées.

En vertu de ce fait, il nous revient, aux citoyens et citoyennes du monde, de rappeler à ceux qui se prennent pour nos dirigeants quels sont les enjeux qui nous touchent, et leur signifier que nous voulons les voir résolus par des gestes, et non par des paroles ayant pour but de les oublier au fond d’un tiroir.

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Il y a de cela deux ans, Hubert Reeves, l’astrophysicien, donnait une conférence au collège sur l’état de la planète. En 2007, il était admis par la communauté scientifique qu’au rythme actuel, les humains allaient être responsables, d’ici 2050, de la disparition de la calotte polaire arctique.

Cet évènement, qui ne serait que le premier d’une longue liste de catastrophes naturelles, est de plus en plus plausible puisque l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dépasse présentement les pires scénarios établis à l’époque.

Aujourd’hui, en 2009, on n’entend plus parler d’environnement que lorsqu’on évoque le plan vert de Stéphane Dion, qui aura fait subir au PLC le pire score de son histoire lors d’une élection générale. Et non, ce n’est pas parce que la situation s’est améliorée.

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L’environnement n’est pas le seul exemple d’enjeu mis au placard au cours des dernières années.

Les coupures dans le financement du secteur de la culture, qui avaient déclenchées une forte réaction au Québec, sont toujours en vigueur et, avec la crise financière, les artistes devront, une fois de plus, se serrer la ceinture.

Quand on sait que chaque dollar investi en culture en rapporte 11 au gouvernement fédéral par le biais de diverses taxes, et que les conservateurs ont annoncé un déficit prévu de 34 milliards de dollars pour 2009, on a du mal à comprendre qu’il accorde 200 milliards de $ d’aide aux banques et pas un sou à la culture.

Grâce au Bloc, ces coupures auraient été annulées et le Québec aurait obtenu des millions pour aider son industrie forestière et manufacturière, qui, déjà mise à mal par la concurrence asiatique, va probablement devoir mettre clef sous porte (à ce propos, Rio Tinto Alcan vient de fermer son usine d’aluminium à Beauharnois...), pour peu que la coalition PLC-NPD eut été portée au pouvoir.

Mais voilà, Michael Ignatieff, le chef du PLC, voulait gouverner seul. Il a donc appuyé le budget des conservateurs, dont la priorité, semble-t-il, est l’économie.

Deux semaines plus tard, le PLC talonne le Bloc dans les intentions de vote au Québec : l’illogisme même.
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Après ces épisodes où l’amnésie semble frapper la population à la vitesse de l’éclair, on ne pouvait s’attendre à ce qu’elle se souvienne, le soir du 8 décembre dernier, qu’elle venait d’élire le même Jean Charest qui a donné son aval au projet de centrale thermique du Suroît, transformé 103 millions de $ de bourses en prêts pour les études postsecondaires et autorisé la privatisation du Mont Orford, quitte à renvoyer son ministre de l’environnement.

Il est vrai que ces évènements remontent à 4 ans, mais leurs conséquences sont toujours véridiques (sauf pour le Suroît, qui s’est « bien heureusement » transformé en port méthanier…)
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Voilà ce qui apparaît pour moi comme le plus grand problème de notre société : l’ignorance et l’amnésie. On préfère 150$ de réduction d’impôts aux soucis causés par des problèmes de droits sociaux comme l’équité salariale ou la grève, escamotés par Stephen Harper qui les a retirés aux membres de la fonction publique canadienne.

Pour cause, on nous enseigne à remplir des rapports d’impôts et à utiliser une carte de crédit plutôt que de nous enseigner à réfléchir à ces grands enjeux.

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Maintenant, le but de cet article n’est pas d’affirmer que la classe politique est pourrie ou le peuple ignare. Je laisse se soin à ceux qui le pensent.

J’ai écris cet article dans l’espoir que mes quelques lecteurs (et lectrices!) puissent prendre conscience que, grâce à la crise qui ébranle présentement la société de consommation, nous pouvons, en temps que citoyens et citoyennes du monde, nous prendre en main et décider quelles sont les priorités, quels sont les enjeux.

C’est une chance qui ne s’est présentée que rarement dans l’histoire de l’Humanité. Les révolutions, et je ne parle pas ici de couper la tête à un roi ou d’inventer le travail à la chaîne, mais d’une révolution dans notre façon de penser et de voir le monde, on peut les compter sur les doigts de la main.

Je ne propose pas ici de mettre le feu au parlement, ni de mettre à sac Wall Street. J’affirme simplement qu’il faut trouver des manières de vivre, de mieux-être, qui sont autres que celles véhiculées par ces institutions. Un mode de vie basé non pas sur la compétition entre groupes ou individus, qui n’est qu’en fait qu’une sélection naturelle civilisée, mais sur l’entraide et la paix.

Nous sommes à la croisée des chemins. Toute action qui sera entreprise, toute parole dite, ou retenue, influencera la direction que nous prendrons.

Mais voilà, où irons-nous?

Renouveau

Avertissement : il ne s'agit pas de pédagogie.

Dans les derniers jours, j'ai reçu un courriel étrange, qui se serait retrouvé dans le dossier réservé aux éléments indésirables si son titre n'avait inclu "Des nouvelles..."

Un lien plus tard, je redécouvre l'existence de ma création, de plusieurs textes et poèmes que je croyais disparus et qui, pourtant, m'attendaient patiemment, malgré mon retard au rendez-vous.

Aussi, afin de les honorer pour leur résiliance, et aussi parce que plusieurs autres textes griffonés sur des coins de naperons attendent avec impatience leur minute de gloire, je retourne à mon poste, cafetière dans une main, notes dans l'autre, afin de partager avec vous, chers lecteurs, un peu de ma vie, de mon sang.

Vôtre,

FredK

Réflexions d'une journée pluvieuse

Ce texte a initialement été rédigé le 9 juillet 2007 mais n'a jamais été complété ou publié sur la toile. Ce sera donc le dernier d'un style un peu plus naïf, émotif, qui sera exposé ici. Le trait d'union entre les dialogues de jeunesse et de maturité...

FredK

PS. Il est intriguant de remarquer que le texte précédant, qui date de 2007, s'intitule "Mieux vaut tard que jamais". Comme quoi la vie nous fait des signes.

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Comme un lion en cage.

C'est exactement comme cela que je me sens, en ce lundi pluvieux de ma 3e semaine de vacances.

Après deux semaines passées hors de chez moi, y compris une huitaine dans le fin fond du bois, je trouve que les quatres murs de la pièce où j'écris ce texte sont excessivement opressants. C'est assez paradoxal puisque hier matin encore j'avais hâte de revenir chez moi et qu'a peine arrivé je ne songe plus qu'à repartir, toujours plus loin. J'aurais envie de courir le marathon dans les Andes, mais je n'aspire qu'à dormir enfin dans mon lit, et non sur un matelas de camping. Peut-on appeller cela le mal du pays? Je me sens comme un étranger chez moi...

En quête de quelque chose pour passer le temps, j'entrepris une exploration de la maison. En entrant dans la cuisine, une pile de vaisselle sale s'offre à mes yeux. Je pourrais tout laisser tomber et retourner me coucher à la simple vue de cette image cauchemardesque d'un tas de détritus attendant leur bain. Je songe alors à certains pays où ce sont les gens, et non les couverts, qui attendent en ligne pour faire leur toilette alors que moi, Nord-Américain choyé, vivant, et dans d'excellentes conditions, je répugne à la tâche de laver des ustensiles me facilitant la vie.

Je prends donc mon courage à deux mains et je passe au travers. Il est alors plus que temps de continuer ma tournée des pièces.

Dans le salon se dresse devant moi une bibliothèque aux dimensions modestes, où sont rassemblés une partie des livres que j'ai lus. Je réussis à exprimer un sourire en me disant "Quoi de mieux qu'un bon roman par un temps aussi exécrable? En plongeant dans un autre monde, j'aurai toute la place qu'il me faut et je cesserais de me sentir prisonnier de ces quatre murs." Cependant, un doute m'envahit. Je dois bien me rendre à l'évidence: j'ai lu tous mes bouquins, plusieurs fois pour la plupart, ce qui fait perdre à l'exercice toute forme d'attrayance.

Un sentiement d'injustice m'envahit alors. Pourquoi ne peut-on pas simplement retourner avec les personnages que l'on a connus, qui sont presque devenus nos amis, et revivre avec eux les mêmes aventures, les mêmes périples? Pourquoi oublie-t-on toujours un livre dans le même sens qu'on l'a lu?

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Dans la vie, tout n'est qu'instant. Dure leçon de réalité qui nous apprend à en profiter lorsqu'on le peut. À arrêter de marcher lorsque, pour la seule fois de l'année, un croissant de lune brille dans le ciel enflammé par le coucher de soleil. À écouter l'âme du musicien se déverser en cascades résonnantes dans les couloirs du métro. À prendre le temps d'apprécier ce qui est.