Publiée en février dernier dans un journal étudiant aujourd'hui défunt, j'ose mettre cette chronique en ligne. Certains sujets abordés ne font certes plus les manchettes, mais les thèmes sont toujours d'actualité.
Bonne lecture,
FredK
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Je me souviens...
La mémoire collective est définitivement à court terme. Le flot incessant des évènements nouveaux vient effacer le souvenir de ceux qui, il n’y a pourtant pas si longtemps, ne laissaient personne indifférent.
En politique, cela est d’autant plus vrai que les manchettes cherchent sans cesse à se garnir de nouvelles polémiques, oubliant ainsi nombres d’entre-elles, pourtant inachevées.
En vertu de ce fait, il nous revient, aux citoyens et citoyennes du monde, de rappeler à ceux qui se prennent pour nos dirigeants quels sont les enjeux qui nous touchent, et leur signifier que nous voulons les voir résolus par des gestes, et non par des paroles ayant pour but de les oublier au fond d’un tiroir.
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Il y a de cela deux ans, Hubert Reeves, l’astrophysicien, donnait une conférence au collège sur l’état de la planète. En 2007, il était admis par la communauté scientifique qu’au rythme actuel, les humains allaient être responsables, d’ici 2050, de la disparition de la calotte polaire arctique.
Cet évènement, qui ne serait que le premier d’une longue liste de catastrophes naturelles, est de plus en plus plausible puisque l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dépasse présentement les pires scénarios établis à l’époque.
Aujourd’hui, en 2009, on n’entend plus parler d’environnement que lorsqu’on évoque le plan vert de Stéphane Dion, qui aura fait subir au PLC le pire score de son histoire lors d’une élection générale. Et non, ce n’est pas parce que la situation s’est améliorée.
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L’environnement n’est pas le seul exemple d’enjeu mis au placard au cours des dernières années.
Les coupures dans le financement du secteur de la culture, qui avaient déclenchées une forte réaction au Québec, sont toujours en vigueur et, avec la crise financière, les artistes devront, une fois de plus, se serrer la ceinture.
Quand on sait que chaque dollar investi en culture en rapporte 11 au gouvernement fédéral par le biais de diverses taxes, et que les conservateurs ont annoncé un déficit prévu de 34 milliards de dollars pour 2009, on a du mal à comprendre qu’il accorde 200 milliards de $ d’aide aux banques et pas un sou à la culture.
Grâce au Bloc, ces coupures auraient été annulées et le Québec aurait obtenu des millions pour aider son industrie forestière et manufacturière, qui, déjà mise à mal par la concurrence asiatique, va probablement devoir mettre clef sous porte (à ce propos, Rio Tinto Alcan vient de fermer son usine d’aluminium à Beauharnois...), pour peu que la coalition PLC-NPD eut été portée au pouvoir.
Mais voilà, Michael Ignatieff, le chef du PLC, voulait gouverner seul. Il a donc appuyé le budget des conservateurs, dont la priorité, semble-t-il, est l’économie.
Deux semaines plus tard, le PLC talonne le Bloc dans les intentions de vote au Québec : l’illogisme même.
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Après ces épisodes où l’amnésie semble frapper la population à la vitesse de l’éclair, on ne pouvait s’attendre à ce qu’elle se souvienne, le soir du 8 décembre dernier, qu’elle venait d’élire le même Jean Charest qui a donné son aval au projet de centrale thermique du Suroît, transformé 103 millions de $ de bourses en prêts pour les études postsecondaires et autorisé la privatisation du Mont Orford, quitte à renvoyer son ministre de l’environnement.
Il est vrai que ces évènements remontent à 4 ans, mais leurs conséquences sont toujours véridiques (sauf pour le Suroît, qui s’est « bien heureusement » transformé en port méthanier…)
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Voilà ce qui apparaît pour moi comme le plus grand problème de notre société : l’ignorance et l’amnésie. On préfère 150$ de réduction d’impôts aux soucis causés par des problèmes de droits sociaux comme l’équité salariale ou la grève, escamotés par Stephen Harper qui les a retirés aux membres de la fonction publique canadienne.
Pour cause, on nous enseigne à remplir des rapports d’impôts et à utiliser une carte de crédit plutôt que de nous enseigner à réfléchir à ces grands enjeux.
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Maintenant, le but de cet article n’est pas d’affirmer que la classe politique est pourrie ou le peuple ignare. Je laisse se soin à ceux qui le pensent.
J’ai écris cet article dans l’espoir que mes quelques lecteurs (et lectrices!) puissent prendre conscience que, grâce à la crise qui ébranle présentement la société de consommation, nous pouvons, en temps que citoyens et citoyennes du monde, nous prendre en main et décider quelles sont les priorités, quels sont les enjeux.
C’est une chance qui ne s’est présentée que rarement dans l’histoire de l’Humanité. Les révolutions, et je ne parle pas ici de couper la tête à un roi ou d’inventer le travail à la chaîne, mais d’une révolution dans notre façon de penser et de voir le monde, on peut les compter sur les doigts de la main.
Je ne propose pas ici de mettre le feu au parlement, ni de mettre à sac Wall Street. J’affirme simplement qu’il faut trouver des manières de vivre, de mieux-être, qui sont autres que celles véhiculées par ces institutions. Un mode de vie basé non pas sur la compétition entre groupes ou individus, qui n’est qu’en fait qu’une sélection naturelle civilisée, mais sur l’entraide et la paix.
Nous sommes à la croisée des chemins. Toute action qui sera entreprise, toute parole dite, ou retenue, influencera la direction que nous prendrons.
Mais voilà, où irons-nous?
mercredi 25 novembre 2009
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