dimanche 24 janvier 2010

Les grandes espérances - Chronique

Écrivant de nouveau pour un périodique étudiant, j'ai ressorti mes plumes et astiqué mon verbe. La première publication d'un de mes textes devrait avoir lieu dans les prochaines semaines. Voici le texte qui, je l'espère, sera retenu parmi ceux que je leur ai envoyés. Vous l'aurez deviné, il se nomme "Les grandes espérances".

Bonne lecture,

FredK
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« Une brise glacée me caressa la peau, apportant le souffle perdu des grandes espérances. »                                                                                         - Carlos Ruiz Zafón


La solidarité chez l’humain est-elle innée ou acquise? Est-il normal de réfléchir à l’impact qu’auront nos actions sur notre prochain ou est-ce un réflexe développé par une poignée d’individus philosophes, et par conséquent fous, rêveurs et qui ne servent à rien?
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Le 6 janvier dernier, la planète contemplait avec horreur un énième désastre s’abattre sur le pays d’Haïti.

Dans les médias, ce tremblement de terre sera enregistré comme la cause de dizaines de milliers de morts et comme celle d’un sommet réunissant plusieurs chefs d’état qui annonceront avec tambours et trompettes qu’ils ont de bonnes intentions.

Dans les livres d’histoire, le séisme aura détruit la capitale du pays et montré une fois de plus l’incapacité des politiciens à gérer une crise majeure, trop empêtrés dans leurs jeux de coulisses pour réagir.

À l’ONU, un fonctionnaire placera un rapport dénombrant le nombre de déplacés et de personnes dépendant de l’aide humanitaire pour survivre parmi une dizaine d’autres faisant état de situations semblables ailleurs dans le monde. Ce rapport restera le premier de la pile jusqu’à ce lui d’un nouvel évènement, tout aussi tragique, ne prenne sa place.

Les artistes se souviendront qu’à l’occasion de l’évènement, ils ont envoyé un peu d’amour à des gens qui n’avaient plus rien.

Le ministère se souviendra que les dons pour la cause étaient considérés comme un revenu déductible d’impôts.

Se souviendra-t-on du plus important : que ce séisme aura fait trembler la Terre bien au-delà de Port-au-Prince? Que partout des gens de cœur se sont levés hors de leur confort et ont décidé qu’ils étaient prêts à agir? Qu’au lieu de se laver les mains avec un don en argent, ils ont attrapé leur brosse à dents et sont partis pour Haïti, pour aider, simplement?

S’il y a une chose à retenir de cette tragédie, c’est qu’elle sera allée frapper droit au cœur de celles et ceux qui n’attendaient que l’occasion se présente pour réparer les iniquités de ce monde.

Eux qui, en fermant la radio après le bulletin de nouvelles, poussent un soupir devant sa rengaine trop connue. Voyant les droits humains, l’environnement et la démocratie malmenés un peu partout sur le globe, ces femmes et ces hommes, conscients et solidaires, mais qui se sentent impuissants devant l’énormité de la tâche.

Que ce malheur soit tombé – suprême injustice! – sur la tête des Haïtiens, eux qui avaient déjà besoin de tout, aura été l’évènement déclencheur de leur mise en mouvement.

Ces jeunes et moins jeunes, porteurs d’une vision du monde qui s’écarte de la linéarité, de la localité et de la simplicité de leurs petites existences personnelles.

Ces humains du 21e siècle, se portant au secours d’un peuple courageux et fier, peuple que le pouvoir nous a trop souvent dépeint comme miséreux et criminel.

Ceux-là, pussent-ils, par leur solidarité, faire germer en Haïti la première graine de l’île des Bienheureux.

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