vendredi 13 août 2010

Le Web : cause ou solution à la crise des médias? - Analyse

Dans le cadre de ma couverture des évènements de l'École d'été 2010 de l'Institut du Nouveau Monde, j'ai assisté à la table ronde intitulée Le Web : cause ou solution à la crise des médias? qui vient d'avoir lieu au pavillon John Molson de l'Université Concordia. Étaient présents Sophie Cousineau, journaliste et chroniqueuse à La Presse et sur Cyberpresse.ca, Bernard Descôteaux, directeur du Devoir, Louise Lantagne, directrice générale de la télévision de Radio-Canada, et André Mondoux, sociologue spécialiste des technologies de l'information.

Ce fut en soi intéressant bien qu'on eut pu présager de la déclaration finale dès le début de la rencontre. Celle-ci émanant de plusieurs acteurs majeurs dans le domaine des médias traditionnels, il semble que le constat auquel ils ont abouti fasse consensus dans ce milieu.

Essentiellement, Internet est caractérisé par l'avènement de l'ici et maintenant. L'utilisateur consulte les contenus disponibles selon ses intérêts - à la carte - choisissant dans des thématiques bien précises et ciblées à l'avance une poignée d'informations parmi l'océan de celles qui sont accessibles. Il va même jusqu'à commenter les contenus, en débattre avec d'autres utilisateurs et même publier les siens.

Et c'est là que le bât blesse.

En effet, l'innovation surgit uniquement à la dernière étape de l'interactivité qu'offre ce qu'on appelle communément le Web 2.0. C'est par la création de contenu en temps réel, par l'utilisation des plateformes de publication Web, que celui qui était un lecteur ou un auditeur des médias traditionnels transforme son rôle et devient son propre média. Le journaliste-citoyen peut désormais se passer complètement des médias traditionnels et exister sur Internet en toute autarcie. Pire, il peut engendrer des réactions qui, en raison de la capacité de les publier immédiatement, s'alimenteront d'elles-mêmes à une vitesse fulgurante, virale.

Et c'est exactement ce que les médias traditionnels reprochent à Internet.

Selon eux, trois choses découlent naturellement des plateformes de publication ouvertes à tous et qui viennent miner la crédibilité de l'ensemble de leurs contenus - sans tenir compte de leur valeur respective et intrinsèque.

  • Face à l'instantanéité de la publication qui ne subit aucune contre-vérification des faits et à l'anonymat répandu des créateurs de contenu, il devient extrêmement difficile de faire la distinction entre une nouvelle objective publiée dans le but d'informer et une annonce subjective publiée dans le but de convaincre.

  • Puisque les réactions spontanées et émotives engendrées par la lecture, par exemple, d'un billet d'un blogue, peuvent être partagées et entendues avec l'ensemble de la communauté d'Internet dans la seconde suivant son apparition, il en découle qu'un commentaire est très rarement sujet à une analyse critique de la part de son auteur - souvent anonyme et donc peu enclin prendre la responsabilité des propos tenus -. La discussion multilatérale autour dudit billet d'un blogue est donc sujette à de sérieux dérapages, autant sur le plan du ton que du contenu.

  • En raison des deux points susmentionnés et du nombre incommensurable de publications et de réactions ne serait-ce que sur un même enjeu, il est admis que toutes les opinions se valent. Par conséquent, même les contenus et commentaires pertinents et réfléchis ne peuvent être reconnus comme tels que de façon subjective et non par l'ensemble de la communauté.
C'est ce dernier point qui fait le plus mal aux médias traditionnels : le public se tournant de plus en plus vers le Web 2.0 pour s'informer, il est nécessaire de le suivre pour continuer à avoir une audience ou, dans certains cas qui relèvent plus du voeu pieux que d'autre chose, de chercher à inverser la tendance et à ramener les gens vers, par exemple, la télévision. Or, comment est-il possible de faire passer un message particulier, de le distinguer des autres, si le consensus du milieu est que tous se valent?

« On dit que la dictature "C'est ferme ta gueule!" et que la démocratie c'est "Cause toujours!"...» a dit André Mondoux lors de la table ronde. C'est éloquent.

À suivre,



FredK

1 commentaire:

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