« Maintenant, on ne s'assoira plus jamais. » - Greg, le 18 août
Il remontait sur les planches. Il saluait à nouveau la foule sous les ombres des projecteurs, après lui avoir offert toute la beauté que son âme pouvait faire passer par son corps. Noyé dans la douce balade de l'accordéon, les bras grands ouverts, il se laissait porter par le courant, esquissant une danse maladroite et heureuse, une reconnaissance sincère au fond des yeux. Finis le temps de l'intolérance et des mensonges polis, l'art, l'art de la scène et celui de la musique, lui avait permis de trouver cette liberté nouvelle dans sa vérité, et son rayonnement fracassait les vitres de la salle pour se perdre dans les rues nocturnes, notes, lumière et clameurs parfumant le chaud vent d'août.
« On ne peut pas le laisser mourir comme ça. Ni lui, ni toutes les histoires d'amour qui vont avec. » - Faubourg 36, le 21 août
Le spectacle. On dit souvent : « le monde du spectacle ». Celles et ceux qui emploient cette expression ont raison, mais sans savoir qu'ils l'utilisent à mauvais escient. Le spectacle est un monde en soi, un univers. Le seul d'ailleurs où une foule de personnages, les artistes, sont les réels avatars de leur âme, et déambulent pour partager la totalité de ce qu'ils sont. Les entrées et les sorties s'enchaînent, et du passage clair-obscur des coulisses à l'avant-scène, de la complicité de ses comparses à l'amour de la foule, et vice-versa, naît la création unique et éphémère de l'instant, à jamais inoubliable. La note tragique de la voix se mêlant à celle du violon dans une scène rougie par la douleur des projecteurs sur le décor, le doux baiser échangé dans l'incertitude du matin accompagné du silence de la forêt ou du bruit des passants dans un café parisien. Le hourra ou le tonnerre. La mort froide qui descend parmi les hommes ou la joie qui rompt un barrage de ressentiment érigé depuis trop longtemps. Tout cela, dans sa brillance florale, c'est le théâtre.
« C'est ma vie. Il était temps que je cesse de la mettre de côté. » - L'auteur, le 23 août
Peut-on être mieux qu'au milieu de cette honnêteté, de cette générosité sans borne, de ces cent mille coeurs qui débordent et se joignent pour former cette merveille? Entre le rideau et les murs roulants que les spectateurs ne voient pas, entre une pile d'accessoires et un costume brillant, entre un régisseur paniqué et un acteur riant de son manque de tact?
Le pinacle de tous les arts c'est le théâtre. Et l'art, comprit-il, était ce qu'il avait au fond de lui. Pour lui.
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Ainsi, quittant la salle imaginaire redevenue silencieuse, il s'éloigna d'un pas plus léger vers l'automne. La confiance que lui procurait cette volonté nouvelle le portait sous cette nuit étoilée, elle qui lui en rappelait une autre, plus lointaine, vers laquelle il dirigeait tout son désir afin de la faire revenir vers lui.
Ton âme te souffle à l’oreille ses douces mélodies dont les énergies vibratoires te révèlent la beauté des spectacles de la vie.
RépondreEffacerMerci de rester branché…