dimanche 15 août 2010

L'Entente de Montréal - Analyse

Simulation d'un sommet mondial sur les changements climatiques, le sommet Montréal Climat 2010 de l'École d'été de l'Institut du Nouveau Monde a eu lieu du 12 au 14 août 2010. J'ai couvert l'évènement en tant que reporter officiel.

Sautant dans la peau des dirigeants de pays de l'Union européenne, de l'OPEP, du Groupe parapluie, du G5, de l'Union africaine ou alors dans celle de membres d'ONG présentes pour influencer les négociations, les jeunes de l'École d'été ont tenté de faire coïncider des intérêts nationaux divergents sur trois enjeux majeurs de la diplomatie du climat - le transfert d'argent vers les pays pauvres pour les aider à s'adapter aux changements climatiques, la protection de la forêt et le reboisement, ainsi que les cibles de réduction des gaz à effet de serre - afin de répondre aux attentes du public attentif et inquiet.

Durant trois journées qui étaient successivement consacrées aux enjeux susmentionnés, les délégués des pays participants ont recherché des alliés, les préoccupations économiques communes étant la pierre angulaire sur laquelle ces regroupements se sont formés. Cet état de fait a mis à l'avant-plan la question du transfert d'argent qui a presque réussi à occulter carrément les autres. Voici d'ailleurs une courte entrevue avec un délégué du Japon et une autre avec une déléguée du Venezuela, qui abordent ces différends de nature économique qui ont empêché la conclusion d'un accord de principe après le deuxième jour de négociations.

Pendant ce temps, les ONG tentaient d'orienter les décisions usant de la pression populaire - sous forme de pétition et de manifestations - et en proposant des plans d'action ambitieux supportés par quantités de rapports et de données scientifiques.

Le tout a culminé avec la formation de trois blocs, essentiellement axés autour d'un niveau de développement semblable, qui ont été les trois parties assises autour de la table des négociations lors de la dernière plénière.
  • Le premier regroupement étant celui des pays en voie de développement, l'AO. Il incluait les pays de l'Union africaine, l'Afrique du Sud - qui faisait d'abord partie du G5 - ainsi que les pays de l'OPEP. Cette coalition avait élu un seul pays représentant, l'Afrique du Sud.
  • Le second étant celui des pays émergents, les PÉ. Il incluait les pays de l'ex-G5, le Brésil, l'Inde et la Chine, et avait élu un seul pays représentant, le Brésil.
  • Le dernier regroupement étant celui des pays industrialisés, les PI. Il incluait les pays du Groupe parapluie et de l'Union européenne et avait élu deux pays représentants, soit les États-Unis et l'Allemagne.
Un accord a finalement été atteint, la déclaration finale étant disponible ici.

La question qui se posait dès le début de cette simulation était la suivante : l'idéalisme des jeunes allait-il triompher? Sinon, les acteurs allaient-ils jouer leur rôle jusqu'à reproduire l'échec de Copenhague? La réponse un peu décevante, mais fort instructive, est qu'ayant joué leur rôle à la perfection, c'est-à-dire en n'usant pas de leurs convictions personnelles pour faire fi des intérêts de leurs pays respectifs, ils n'ont pas pris - et n'auraient pas pu prendre - de résolutions bien plus ambitieuses que celles qui ont été prises à Copenhague.

Les participants ont ressenti un malaise réel face à cette constatation. Ils semblent avoir réalisé que, tant que la discussion ne s'élèvera pas au-dessus des intérêts conflictuels des nations et traitera uniquement des intérêts communs à l'humanité entière - et qui ne peuvent donc la diviser - il ne sera pas possible, malgré toute la bonne volonté que l'on peut posséder, d'établir et de réaliser les objectifs nécessaires à la sauvegarde de notre espèce.

Mais voilà : qui possède la légitimité nécessaire pour prétendre au poste de représentant de l'humanité entière?

À suivre,


FredK

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